N° 73 - De la précarité à la sécurité psychologique et socio-économique
La racine étymologique de précarité se résume à « obtenu par la prière » donc à quelque chose de non garanti et d’incertain. Cela renvoie, dans les sciences sociales, à une perte de sécurité durable qui ne permet pas d’accéder à « une situation acceptable » au regard des modes et des conditions de vie générales. Ce phénomène complexe, multidimensionnel, est trop souvent réduit à des déterminants simplificateurs qui ne permettent ni de penser le phénomène de façon pertinente ni de le traiter de manière adaptée.
Le vécu de précarité s’origine et s’enracine dans un tissu d’éléments économiques, relationnels, socioculturels et psychiques. C’est un vécu subjectif tout autant qu’une situation objectivable. Celui qui s’éprouve en précarité construit son ressenti à la fois sur des éléments de réalité appréhendables (pauvreté, perte de liens, de travail…) mais aussi sur un vécu interne d’inadéquation, de porte à faux, de non valeur…
La précarité se traduit notamment par une dégradation et une perte de liens amicaux, amoureux et sociaux. Ces liens abimés ou manquants accélèrent et ancrent la précarité. L’expérience de liens constructifs est, en effet, au cœur de la santé des personnes et des sociétés. Mais elle est fragile et susceptible d’être perturbée par de nombreux facteurs psychologiques et sociaux. Quand les liens sont dégradés, les personnes et les sociétés deviennent fragiles et souvent malades.
Transformer l’échec à exister que représente la précarité c’est développer sa capacité à se relier, à soi-même, aux autres, au monde et à engager des activités constructives pour soi et pour la collectivité. Nous explorerons, dans cette conférence, les différentes dimensions de la précarité et leur potentialisation réciproque pour essayer de dessiner ensuite des modes de passage de la précarité à une sécurité de base psychique et socio-économique.