HOMMAGE A PIERRE CORET
22 Juin 2018 | par MAC. |

PIERRE CORET, une vie créative
Pierre nous a quittés, entouré de ses nombreux amis qu’il avait lui-même accompagnés à Savoir Psy, qu’il avait fondé avec Elizabeth, ou à la Traversée. La foule était immense et profondément touchée par ce départ si brusque.
Pierre commençait à se replier sur ses terres en Ardèche, en contact direct avec ces forces de la nature qui l’habitaient. Il était accompagné par Elizabeth à chaque instant. C’est de cette vie de couple, profondément reliés par leurs différences qu’ils assumaient, que se révélaient une singularité et une complicité si belles à voir.
Il s’était investi pleinement avec Elizabeth dans la création de Savoir Psy en s’appuyant essentiellement sur les méthodes de la gestalt qu’il reliait à la psychologie jungienne. C’était un homme de convictions, le recours aux valeurs de l’esprit se devait de soutenir l’engagement du thérapeute dans sa relation à un environnement dont il dénonçait les dérives. C‘est cette ombre que Pierre nous invitait impérativement à reconnaitre, épreuve douloureuse s’il en est tout autant que libératrice, permettant d’accéder ainsi à la créativité et à ce désir de liberté infinie.
Notre rencontre avec Pierre date de plus de 20 ans, à un moment où notre vie était appelée à aller au-delà d’une simple nécessité, à un âge déjà avancé où il est convenu de se retirer. Christiane et moi, ainsi que quelques amis, étions travaillés par une idée, un projet qui avait pris corps dans un espace de mort et de vie, lors de l’accompagnement d’amis communs en soins palliatifs : celui d’articuler transformation personnelle et transformation sociale, engagement personnel et collectif. Pierre nous a rejoints avec une présence étonnante, avec « ce regard qui donne vie et lumière et qui tout autant les recevait » (Père Ephrem citant Claudel).
Emprunt de bonté, il venait rejoindre cette partie de nous-même qui doutait. Par cette audace que nous lui connaissions, il venait sceller cette alliance de l‘amour inconditionnel de la mère pour l’enfant qu’il évoquait souvent, ce qui l’amenait à renouveler sans cesse cette confiance en chacun de nous et en nous tous.
C’était l‘appel de la Traversée, au grand large fondé sur le don et le bénévolat qui nourrit l’être-thérapeute et lui donne présence et force symbolique et créatrice. Pierre insistait sur cette dimension qui donne au lien toute son intensité, qui vient toucher cette profondeur de l’être à la fois blessé et tout autant porteur d’une force de vie insoupçonnée.
Nous avions conçu notre accompagnement sur deux dimensions : un accompagnement individuel qui permettait d’accéder au monde intérieur, à une histoire personnelle et familiale souvent inconnue mais déterminante, et un accompagnement de groupe où se reconstruit le lien à l’autre, aux autres, révélateur d’une appartenance commune à une même humanité.
Pierre évoquait alors cette double enveloppe réparatrice qui relie à l’autre dans un mouvement sans cesse renouvelé.
Le départ de Pierre nous a laissé esseulés, habités d’’une grande tristesse. Il nous est donné alors de recontacter en nous ce noyau indestructible qui nous permet de rejoindre l’autre isolé et exclu, en grande détresse, accédant ainsi au sein d’un environnement social incertain à cette puissance créatrice de l’Homme.
C’est cet élan qui nous est transmis.
Jean Marie BOUCLET
Président
Président
Nous avons accès à sa parole structurante
par le biais de ses conférences
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